Zone souvent oubliée des vacanciers, le Nord des Pouilles a cependant de nombreuses choses à offrir. Suivez-nous dans notre rapide passage dans cette partie des Pouilles, entre plages et montagnes, nature et culture, et le tout rehaussé par des paysages plus jolis les uns que les autres. Si nous avons passé deux petits jours dans ce coin, retrouvez notre itinéraire complet des Pouilles juste ici.

Manfredonia
Une après-midi de printemps à Manfredonia permet de découvrir calmement cet endroit. Pourtant grande ville du Nord des Pouilles, la circulation est plutôt sereine, les rues tranquilles, et les boutiques désertées. Et si l’été les plages du lido sont prises d’assaut par les parasols, au printemps, elles sont plus paisibles, ponctuées çà et là de papis italiens qui viennent parfaire leur bronzage, déjà bien avancé. Mais alors, pourquoi n’y a-t-il que peu de gens dans les rues à l’heure du goûter ? Eh bien, parce que c’est la sieste. Et la sieste dans les Pouilles, c’est sacré ! Profitez-en pour vous balader auprès du Castello de Manfredonia qui, entouré de son Parco delle Rimembranze, est un lieu emblématique de la cité. Et vous verrez à mesure que le Soleil et les températures au thermomètre descendent, les gens apparaissent. Le front de mer se remplit. Couples, personnes âgées, amis, familles avec enfant, tout le monde s’y retrouve, vient marcher, parler de tout et de rien, toujours avec de grands mouvement de mains.
Cette promenade en bord de mer est un ravissement pour le corps, l’esprit et les yeux. Deux phares la jalonnent ; le Faro Verde, et le Faro Rosso, nommés respectivement selon la couleur de leur tête. Des jetées permettent de se rendre jusqu’à leurs pieds, s’éloignant donc de l’agitation nouvelle de la ville. Attenant au phare rouge, la marina de Manfredonia accueille quelques bars et restaurants. Musique et ambiance sont au rendez-vous. En remontant un peu plus dans la ville, un phénomène s’observe. Tout ce qui était alors si endormi s’est éveillé. Les rues sont éclairées par des guirlandes qui traversent d’un bâtiment à un autre. Les restaurants sortent leurs cartes, les terrasses se remplissent, les verres trinquent, et les bonnes odeurs se font sentir.


La Foresta Umbra
Entre Manfredonia et Vico Del Gargano, se trouve un joyau de verdure : la Foresta Umbra. Classée au patrimoine de l’Unesco, elle compte parmi les dix plus belles forêts du monde, et parmi les dernières forêts primaires d’Europe. Vous pourrez y trouver des chemins de VTT, et certaines agences proposent même la location de e-bike. Sinon, plus simplement, différents chemins de randonnée sont établis, avec un total de 100 kilomètres de chemins balisés à travers la forêt. Sur le trajet et au point de départ de certains sentiers des hôtels et restaurants proposent quelques plats et boissons, dans un carde idyllique. Et si l’envie vous prend de ramener un petit souvenir gustatif, un stand de vente de miel et confiture se tient au début du chemin. Je ne saurais pas vous dire s’il est là quotidiennement, en tout cas nous l’avons croisé lors de notre passage.

Au niveau de la vie sauvage, un lac abrite des dizaines de petites tortues. Si vous êtes discrets et attentifs, vous pourrez sûrement croiser différentes espèces d’oiseaux. Nous n’avons pas eu beaucoup de chance à ce sujet. Concernant les cerfs et biches que l’on voit fréquemment sur les photos du lieu, sachez qu’ils sont dans un enclos, de taille assez ridicule d’ailleurs. Choix surprenant pour une zone supposée être de conservation. Bref, nous n’avons pas croisé foules d’animaux dans cette forêt, et à vrai dire, si elle reste très belle, elle ne nous a pas paru époustouflante non plus, comme le laissent entendre ses différents titres. Elle représente tout de même une jolie balade au frais.

Monte Sant’Angelo
Surplombant Manfredonia, le mystique Monte Sant’Angelo surveille la région de la Foggia. Si le village est spectaculaire, l’accès l’est tout autant. Passant par une route de montagne qui enchaîne les virages en épingles à cheveux, les vues sur la côte, les cultures en terrasse et le village sont un régal. Une fois dans le village, nous vous conseillons à nouveau de vous garer en dehors du centre historique, pour des raisons de facilité et gratuité de stationnement, de circulation compliquée dans la vieille ville, mais aussi de découvertes. En effet, la municipalité s’explore en marchant, en se perdant. Située sur une colline, les rues montent d’un côté, descendent de l’autre, et ne sont parfois qu’un escalier. C’est une balade qui doit se faire librement, en regardant au loin, en cherchant les petits détails.


Arrivés dans le centre, la basilique nous accueille avec son trésor. Elle abrite en fait le sanctuaire de l’archange St-Michel. Point d’arrivée d’un pèlerinage au départ du Mont St-Michel, traversant l’Europe par la Via Sacra Langobardorum, ce lieu relève d’une importance particulière pour les pèlerins, croyants ou non. Classé au patrimoine mondial de l’Unesco (ça en fait des sites dans ce coin !), le sanctuaire, plus vieux d’Europe de l’Ouest dédié à l’archange, est en fait dans une grotte, sous la basilique. Des marches vous emmènent, non pas au centre de la Terre, mais au centre d’un office religieux débordant de foule (le Pape François Ier venait de décéder au moment de notre visite).
Autre monument du village, le Castello Normanno Svevo Aragonese. Objet de différentes occupations au fil des siècles, avec une architecture adaptée selon les périodes et les occupants, il reste bien conservé malgré les années. Contre deux euros par personne, il vous ouvrira ses portes, vous plaçant comme garde sur son chemin de ronde, avec une vision sur tous les alentours, allant jusqu’à la côte de Bari. Cependant, je préfère vous prévenir : nous avons eu la chance d’avoir une vue dégagée, ce n’est pas toujours le cas. Le village de Monte Sant’Angelo a la réputation de souvent voler au-dessus des nuages. La vue peut se révéler tout autant voire plus spectaculaire encore avec une mer de nuages, mais elle ne présentera donc pas les côtes environnantes.

Vico Del Gargano et Peschici
En redescendant de votre perchoir, côté Nord cette fois-ci, vous rencontrerez Vico de Gargano. Cette bourgade médiévale possède un charme tout particulier. Ville de l’Amour, son protecteur étant Saint-Valentin, sa partie la plus ancienne est un vrai labyrinthe de ruelles et chemins de traverse. Vous pourrez d’ailleurs passer au Vicolo del Bacio, passage le plus étroit de la ville, où l’on ne se croise pas à deux. Pour jouer dessus, l’une des traditions des amoureux serait justement d’y partager un baiser. Paraît-il aussi que, pour le 14 février, la ville entière se pare de coeurs et d’agrumes (ancienne source de revenus de la région) pour célébrer son Saint Patron. Les festivités se tiennent principalement dans la Chiesa Matrice. D’autres églises résident dans le vieux quartier, et s’offrent aussi à nous le Palazzo della Bella, et le Castello Normanno Svevo Aragonese. Si le nom du château vous parle, c’est parce qu’il s’agit du même nom qu’à Monte Sant’Angelo, et à Bari ! Cette expression désigne en fait des châteaux médiévaux dont les influences de construction ont été mélangées entre tradition militaire des Normands, et style géométrique des Souabes. Le Sud de l’Italie possède de nombreux tels édifices, sans que le nombre exact soit connu.

Plus loin sur la route et déjà sur la côte, le village de Peschici. Ici, on ressent les effluves du Sud de l’Europe. En se promenant dans le village, l’hésitation est grande : sommes-nous en Provence, en Crète ou même en Sicile ? En tout cas, le blanc éclatant des bâtiments, agrémenté de touches de couleurs sur les volets ou les décorations murales sont un bon mélange pour une plaisante après-midi. Si la déambulation dans les rues est de rigueur, en sortir s’avère également une bonne option. L’idée ? Trouver un point de vue sur ces falaises qui soutiennent la ville, battues par les eaux et surplombées par la végétation. Et c’est chose faite, en sortant un peu de la vieille ville à l’Est, ou même en trouvant un espace dégagé au Nord. D’ici on peut voir la Baia de Peschici, avec son immense plage. Si en avril elle est plutôt calme, mon petit doigt me dit qu’à la saison estivale, tout est différent.

De nombreuses plages et variées entourent Peschici, laissant le choix entre plages « de ville » ou plages plus sauvages. Je vous laisserai le loisir de les trouver, car la baignade ne fut pas notre activité du séjour, l’eau étant encore bien trop fraîche pour nos organismes frileux. Aussi, Peschici étant vraiment une ville touristique, elle était relativement désertée à cette période, avec la plupart de ses boutiques et restaurants fermés. À prendre en compte pour votre visite. Nous avons cependant croisé des cyclistes, qui semblaient, d’après leurs immenses sourires, ravis de leur épopée à vélo. Des cycloroutes longent et traversent les Pouilles, de quoi vous régaler si vous aimez faire chauffer les mollets. Restez vigilants quant à la météo, insolation et déshydratation peuvent rapidement être de la partie, même lorsque la chaleur semble correcte.


Vieste
Pour finir cette escapade dans le Gargano, la fameuse Vieste. Connue pour la silhouette de ses falaises surplombant ses plages, elle permet aussi une séduisante balade. Une fois n’est pas coutume, la construction urbaine s’étale sur une zone à fort relief. Là encore, nous grimpons et descendons d’une ruelle à une autre, pour naviguer dans ce dédale de rues. Le centre historique, comme toute bonne cité médiévale, se trouve en hauteur, protection vis-à-vis de l’ennemi oblige. Mais si le haut vous réserve des ruelles pavées d’un autre temps, le bas, plus récent est tout aussi joli. Au pied de la presqu’île, la marina, surveillée par le Faro di Vieste nous attend. Latéralement, les plages de la ville attendent patiemment que des courageux viennent tremper les orteils. Autrement, il est toujours possible de savourer une glace, les pieds dans le sable, mais au chaud, dans l’odeur des embruns. Appréciez également l’odeur printanière dans les rues, celle des fleurs d’orangers, voire des oranges déjà sorties, qui encadrent les avenues passantes. Et puis, finalement, on reprend de la hauteur, on flâne, on prend un verre sur une terrasse panoramique de la ville. D’ailleurs depuis ces terrasses, il vous est possible d’observer les trabucci, ces anciennes installations de pêche, permettant aux pêcheurs de continuer leur activité, malgré une mer agitée. Aujourd’hui, ils n’ont plus cette utilité, mais sont conservés au titre du patrimoine, et probablement du tourisme.


Enfin, si vous souhaitez voir cette fameuse falaise, il vous faudra descendre de la ville pour vous rendre sur la plage juste au sud de la presqu’île. Ici, même au printemps, il y a du passage pour immortaliser ce monolithe. Nous avons sauté l’arrêt, je dois l’avouer, car il se faisait tard et nous évitons autant que possible de conduire de nuit. C’était cependant de jolies lueurs qui nous attendaient sur notre trajet retour jusqu’à Manfredonia. Petit regret de notre côté quant à la durée de notre séjour dans ce coin. J’aurais aimé rester peut-être une journée ou deux de plus, pour profiter d’arrêts le long de la côte pour découvrir des coins un peu plus sauvages. Sur Google Maps, plusieurs points d’intérêt sont identifiés, dont certains avec des balades possibles, voire descendant à des criques secrètes. Même hors d’une étape, le trajet reste une aventure dans cette zone.

Quelques bonnes adresses
- Alice’s house : Notre logement à Manfredonia. Un petit appartement bien situé avec tout le nécessaire pour quelques jours.
- Moro’s Paposceria Peschici : L’endroit parfait pour manger une paposce à Peschici, sandwitch typique du Gargano. C’est également une bonne option économique pour manger à Peschici quand on voit le reste des restaurants qui sont tous très chers.
- Carpenter : Nous nous sommes simplement arrêtés prendre un verre sur cette magnifique terrasse à Vieste, la vue en vaut la peine !