Pour les amateurs de trek, l’Ouganda est une véritable pépite encore méconnue, regorgeant de randonnées spectaculaires. Parmi ces randonnées, l’ascension du Mont Elgon se démarque par sa riche histoire et ses paysages exceptionnels. Culminant aujourd’hui à 4 321 mètres, ce volcan éteint aurait un jour surpassé le Kilimandjaro (5 895 m) avant qu’une explosion de son cratère ne le réduise à sa hauteur actuelle. Cet événement a néanmoins façonné une caldeira colossale de 40 km de diamètre, l’une des plus grandes au monde, offrant des panoramas incroyablement variés. Ayant réalisé cette ascension au cours de notre voyage en Ouganda, je vais vous donner mes conseils et détailler notre itinéraire pour que vous ne passiez pas à côté de cette merveilleuse randonnée.
Préparer l’ascension : Conseils et logistique
Meilleure période pour gravir le Mont Elgon
Les mois les plus favorables pour gravir le Mont Elgon sont décembre à février et juin à août, qui correspondent aux saisons sèches en Ouganda. Durant ces périodes :
- Les sentiers sont moins boueux et donc plus praticables.
- Avec moins d’humidité dans l’air, la visibilité est meilleure, ce qui permet de profiter pleinement des paysages.
- Les conditions météorologiques sont généralement plus agréables, avec un risque d’averses réduit.
Nous avons réalisé notre ascension début février, les conditions étaient vraiment agréables. Seulement une légère pluie en fin de première journée, et globalement un ciel dégagé avec une bonne visibilité.
Matériel essentiel
La matériel va fortement dépendre de votre guide ou de votre agence car ils peuvent bien souvent s’arranger pour vous louer tout ce qu’il faut. Cependant, pour votre confort, il est préférable d’avoir son propre matériel. Surtout au niveau des vêtements chauds ou encore du duvet. Même s’il fait globalement chaud en Ouganda, les températures peuvent descendre très bas en altitude. Prévoyez des vêtements thermiques, de quoi vous protéger du vent et de la pluie. Pour le duvet, un confort 0°C est idéal, le reste du matériel de camping sera prêté par votre guide. De notre côté nous n’avions pas d’étape de nuit donc la frontale n’est pas obligatoire mais reste pratique le soir au camping.
Pour vous faire une idée, voici ce avec quoi je suis parti :
- Sac de randonnée 30L
- Gourde filtrante
- Téléphone
- Appareil photo
- Batterie externe et chargeur
- Vêtements thermiques : Chaussettes et t-shirt manches longues
- Polaire technique
- Veste de trek coupe vent
- Gants fins
- Chaussures de trail
- Lunettes de soleil
- Crème solaire
- Pantalon de randonnée déperlant
- Duvet confort -2°C
- Brosse à dents, dentifrice, lingettes
- Snacks (qui n’ont pas été nécessaires, on était plus que bien nourris)
Guides locaux
Un permis est obligatoire pour accéder au parc national, il s’achète auprès de l’Uganda Wildlife Authority (UWA) mais si vous avez un guide, pas la peine de vous en soucier. Le guide local ne semble pas obligatoire mais bien évidemment fortement conseillé, sauf si vous connaissez le parc et que vous savez comment vous comporter face à un éléphant de forêt ou un léopard.
Notre guide qui nous a accompagné pour tout notre voyage en Ouganda nous a mis en relation avec Juma. À cause d’un petit malentendu avec notre agence, que nous supposions en charge de l’organisation du départ, Juma n’a été informé de notre existence qu’un jour avant le début de l’ascension. Il a monté une équipe, acheté la nourriture et tout organisé en seulement un jour pour que nous puissions réaliser cette ascension. Vraiment exceptionnel. L’équipe était composée de deux guides et de trois porteurs qui étaient tous aussi gentils les uns que les autres. Vous pourrez retrouver plus d’informations et les contacts sur massifmontaneexpedition.com.
Avoir une si belle équipe a forcément un coût. L’ascension nous a coûté 500 € par personne. Le prix comprend le permis d’entrée au parc pour les 4 jours, les guides, les porteurs, toute la nourriture et la location du matériel de camping. Les tips sont également très appréciables pour l’équipe en fin d’ascension. Cela représente quand même un gros budget mais c’est une expérience que nous sommes loin d’oublier.
Conditions physiques
L’ascension du Mont Elgon est une randonnée et ne comprend à aucun moment de l’alpinisme. C’est une montagne très étendue et peu raide. Vous pouvez donc vous attendre à beaucoup de marche pour rejoindre le sommet, avec de nombreuses montées et descentes, mais rien de très raide. Notre parcours, réalisé en 4 jours, s’étalait sur environ 75 km pour 3000 m de dénivelé cumulé positif, et plus ou moins la même chose en négatif. L’ascension peut également se réaliser en 5 jours si nécessaire.
En résumé, ce n’est pas une ascension très technique, et si vous êtes habitué à marcher, vous n’avez pas de souci à vous faire. Attention cependant au mal d’altitude, qui peut commencer à se manifester en vous approchant du sommet, et réduire vos capacités physiques.
Notre itinéraire : Sipi-Bushiyi
Jour 1 : Départ de Sipi au Kapkwai gate
Rendez-vous en début de journée au Kapkwai gate, à Sipi, pour rencontrer l’équipe et finaliser les formalités d’entrée au parc. Cette première étape consiste principalement en une traversée de la forêt primaire qui entoure le Mont Elgon. C’est 27 km qui nous attend, avec un dénivelé positif d’environ 1130 m, une bonne étape pour se mettre directement dans le bain.
Le premier refuge, situé au 16ᵉ kilomètre, offre la possibilité de découper l’étape en deux en cas de fatigue. Cette magnifique forêt regorge de faune et de flore, les guides sont des passionnés et sont de vraies encyclopédies. De quoi apprendre plein de choses et ne pas s’ennuyer pendant la marche. Nous arrivons en fin de journée au refuge autour des 3300 m d’altitude, où la végétation se fait beaucoup moins dense, laissant place à de magnifiques paysages montagneux.
Jour 2 : Randonnée en altitude
La deuxième journée propose une étape plus légère de 17 km, bien que l’altitude commence à se faire sentir. Mais c’est lors de cette étape que les paysages deviennent vraiment extraordinaires. La végétation est très basse et l’explosion du cratère a laissé place à de gros bloc rocheux éparpillés.
En fin de parcours, nous atteignons un petit refuge adossé à une falaise, à 4000 m d’altitude. Il commence à faire bien froid, et nous sommes content d’avoir des habits bien chaud pour le soir.
Jour 3 : Ascension finale
Le grand jour est arrivé ! Nous partons à l’aube pour arriver au sommet avant que le ciel ne se couvre. Seulement 6 km nous sépare du sommet mais les conditions sont beaucoup plus difficiles. Plus nous montons, plus le vent devient fort et glacial. Malgré nos vêtements chauds, nous avons eu très froid.
Nous atteignons cependant le sommet assez rapidement, et profitons du cadre exceptionnel avec une vue panoramique à 360°. Après avoir admiré le paysage, le froid nous fait tout de même entamer la redescente rapidement. Une pente raide de 17 km nous ramène dans la forêt primaire du parc, où un refuge nous attend pour la nuit.
Jour 4 : Fin de la descente jusqu’à Bushiyi
Plus que 9 km à parcourir avant de terminer ce périple. La descente est toujours plutôt raide et nous terminons part le surnommé « Wall Of Death », de longs escaliers construits le long d’une falaise. Historiquement en bois, ces escaliers étaient glissants et peu solides, d’où ce surnom. Heureusement, ils sont désormais métalliques, mais ils demandent toujours de la prudence, car ils restent glissants !
Une fois le village atteint et le parc national quitté, nous montons à moto pour rejoindre un autre village. Ce trajet est aussi fatigant que la marche, si ce n’est plus, rester accroché à la moto sur des routes dignes d’un cross, ce n’est pas évident. C’est le moment de quitter l’équipe et de monter dans un bus direction Mbale pour rejoindre Juma et récupérer le reste de nos affaires qu’il a gardé pendant ces 4 jours.
L’ascension du Mont Elgon est une aventure inoubliable. Malgré le défi physique qu’elle peut représenter, cette randonnée est une expérience unique qui mérite d’être vécue. Je vous encourage vivement à vous lancer en vous souhaitant une bonne marche !